PERANAKAN : UN PEU D'HISTOIRE


1. Le sens du mot Peranakan

 

En langue malaise, l’ancienne lingua franca du commerce dans l’archipel malais, et aujourd’hui langue officielle de la Fédération de Malaisie (Bahasa Malaysia) mais aussi langue officielle de la République d’Indonésie (Bahasa Indonesia), le mot « Peranakan » dérive de la racine « anak » signifiant « enfant ». Une première traduction pourrait donc être « les descendants de ».  Le terme Peranakan renvoie en général aux descendants de mariages « mixtes »  (comprendre « interethniques »)  entre « étrangers » (souvent des marchands) et femmes « locales ».  Son utilisation remonte vraisemblablement au XVe siècle.

 

2. Le contexte historique

« Nusantara » (l’archipel malais) au XIVe siècle, avant l’arrivée des Européens

 

Tout a probablement commencé avec le commerce des épices. A l’avant-veille de la Renaissance, au XVe siècle, les grands explorateurs ramènent toutes sortes de trésors du nouveau monde pour le grand émerveillement des cours européennes. Un trésor en particulier va frapper l’imagination – et les papilles - de l’aristocratie du vieux continent : les épices.  Non pas que les épices soient une découverte en soi : elles étaient une présence coutumière de la table médiévale, mais les épices du nouveau monde ouvrent de nouveaux horizons : des routes d’approvisionnement directes qui permettent de briser le monopole de Venise. Dès la fin du XVe siècle, les caravelles portugaises franchissent le cap de Bonne Espérance et s’aventurent dans l’Océan Indien.

Les Portugais apprennent l’existence des Iles Moluques (Molucca islands – Maluku en indonésien, rebaptisées. Sur ces « Spice islands » (îles aux épices) poussent la noix de muscade, la cannelle et les clous de girofle.

 

3. Qui sont les Peranakan ?

 

L’ on trouve des communautés Peranakan dans toute l’Asie du Sud-est, généralement le long des côtes et dans les anciens ports de commerce : à Singapour (Chinese-Peranakan), en Indonésie (Banteng-Chinese), en Thaïlande (les Baba-Phuket), au Myanmar (les Pashu), et bien sûr en Malaisie.

 

Notre groupe de recherche étant situé en Malaisie, nous allons naturellement nous pencher de prime abord sur les diverses communautés Peranakan de Malaisie, et ensuite – dans une moindre mesure – sur certains groupes Peranakan d’Indonésie.

 

On dénombre trois grandes catégories de Peranakan dans la péninsule malaise (Bornéo semble a priori exclu du phénomène Peranakan). Chaque catégorie est délimitée selon la lignée ancestrale paternelle, et notamment son appartenance ethnique. La Malaisie recèle encore aujourd’hui les trois communautés suivantes :

 

·      Les Peranakan-Chinois (les plus nombreux)

·      Les Peranakan-Indiens (une petite communauté)

·      Les Jawi-Peranakan (officiellement disparus : comprendre « assimilés » d’après le recensement national malaisien, mais certains individus s’en

revendiquent encore)

 

Références

Texte préparé par Dr E. Olmedo - Laboratoire Antropotek

Crozier M. & Friedberg E. 1977. L’ acteur et le système. Paris : Editions du Seuil.

Ferguson, C. A. 1959. “Diglossia”. Word, 15, pp. 325-340.

Glissant E. 1992. Caribbean Discourse: Selected Essays. Charlottesville : University of Virginia Press.

 

Hannerf U. 1987. “The World in Creolisation”, Africa, 57 (4), pp. 546-559.